Dans bien des cas pour mener à bien un projet de création d’entreprise, il est nécessaire de s’associer. Si partager la direction d’une affaire à plusieurs donne plus de chances de réussite, les mésententes entre associés constituent une cause fréquente d’échec. Comment les éviter ? D’abord en choisissant bien vos associés !
Cinq erreurs à ne pas commettre pour bien choisir vos associés
1. Recruter dans votre réseau amical et familial
La tentation est grande de « joindre l’utile à l’agréable », en se disant que l’on pourra travailler d’autant plus efficacement ensemble que l’on se connait et s’apprécie. Dans la plupart des cas, les associations basées sur des liens affectifs ne résistent pas aux rigueurs de la création d’entreprise et débouchent sur une « double peine »: échec de l’entreprise et rupture avec les proches.
L’association en couple présente un risque important, tous vos oeufs étant dans le même panier. Les associations nouées dans un contexte professionnel dans lequel on a eu l’occasion d’éprouver ses compétences respectives et son mode de fonctionnement sont plus profitables. Cependant les associés doivent accepter le partage des rôles qui peut différer de celui qu’ils ont connu dans leurs précédentes activités.
2. Recruter uniquement sur une « fiche de poste »
En « recrutant » un associé, vous recherchez des compétences, un carnet d’adresses et/ou des financements complémentaires aux vôtres et vous avez bien raison.
Un associé est cependant bien plus qu’un salarié ou qu’une source de financement « ordinaire ». Vous allez devoir partager avec lui ou eux (s’ils sont plusieurs) une partie de la direction, des responsabilités et des bénéfices (ou des pertes) de votre entreprise.
Au moins aussi importante que la question de la complémentarité des compétences est celle de l’adéquation de votre vision de l’entreprise: créez-vous dans le même objectif, par exemple la revente rapide de la société avec une importante plus-value ou pour réaliser le projet de votre vie?
Vous devez aussi vous poser l’adéquation de votre système de valeurs. Le meilleur moyen est de vous « tester » mutuellement sur une durée suffisante pour vérifier que vous êtes bien en phase.
Une période d’essai peut vous alerter sur d’éventuels problèmes à venir. N’hésitez pas à demander des explications et/ou des références en cas de doute. Cela étant, il n’est pas rare que des duos ou trios improbables s’avèrent finalement très performants mais il faut pour cela que chacun reconnaisse et accepte les différences de l’autre.
Des tests de personnalité comme celui de MBTI (Myers Briggs type inventory) peuvent vous apporter un éclairage utile. Les cabinets de ressources humaines peuvent aussi vous accompagner dans la recherche et la sélection de vos futurs associés.
3. Ne pas définir la participation de chacun et sa valorisation
On hésite souvent dans la phase de lancement du projet à se dire les choses clairement. Si vous voulez être majoritaire dans le capital et exercer la direction de l’entreprise ou si vous n’avez pas d’apport en capital mais souhaitez que votre travail en amont soit converti en apports en industrie, faites le savoir tout de suite à vos futurs associés.
Lorsque plusieurs associés envisagent de travailler ensemble dans l’entreprise en occupant des fonctions opérationnelles, il est essentiel de bien définir les attributions de chacun et le mode de prise de décision.
L’évaluation des apports respectifs de chacun, du montant des parts ou des actions qu’ils peuvent représenter et la question de la rémunération des différents associés (salaire, dividende…) doivent de la même manière être rapidement abordées et co-signées par écrit.
Les statuts d’entreprise n’abordent pas ces questions en général, d’où l’intérêt de rédiger un pacte d’associés. Un expert-comptable et un avocat, voire votre banquier ou d’autres chefs d’entreprise, peuvent vous utilement vous conseiller sur ces questions.
4. Créer une co-gérance a parts égales (SARL) ou co-présidence (SAS)
Pour fonctionner, une entreprise doit avoir un décideur final qui peut trancher. Il est utile de définir ce point au plus tôt (voir 3.). En cas de désaccord la formule 50-50 rend impossible la mise en place d’une solution de sortie.
Faire entrer une tierce personne ou plusieurs autres personnes pour des montants limités est une piste souvent recommandée. Mais la multiplication du nombre d’associés doit être menée avec précaution, les raisons de ne pas s’entendre augmentant avec le nombre de personnes et rendant toujours possible la formation d’une minorité de blocage.
5. Occulter la question de la sortie
Difficile quand on prépare un mariage d’aborder la question du divorce mais pourtant indispensable quand on sait que les associés finissent toujours en général par partir un jour ou l’autre. Autant prévoir dès le début comment on s’organisera.
Le point est particulièrement crucial dans le cas d’une Sarl où si un associé ne peut pas vendre ses parts à quelqu’un qui n’appartient pas encore au groupe d’associés sans l’accord des autres, il peut en revanche les transmettre à son conjoint, à un descendant ou successeur sans l’accord des autres, sauf disposition contraire stipulée dans les statuts. Ce point peut faire partie également des dispositions à discuter dans le cadre d’un pacte d’associés.
Selon la nature de votre projet et le type d’association que vous envisagez, il peut être plus moins nécessaire de formaliser très précisément par écrit tous ces points. Mais ils doivent être abordés le plus en amont possible de la création pour vous permettre d’engager une discussion franche sur les principaux facteurs potentiels de friction et vous aider à prendre la bonne décision de vous associer – ou non – en toute connaissance de cause.
Notez que cet article vous est fourni à titre informatif et n’a pas de valeur juridique.
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